Washington de notre correspondant
Dans l'échelle normale des valeurs démocratiques, poser des écoutes pour espionner ses concitoyens, sans feu vert de la justice n'est pas ce qu'il y a de plus vertueux ; révéler l'existence de telles écoutes est faire oeuvre de salut public. Mais le président Bush a décidé de renverser cette échelle. Dans son message hebdomadaire, samedi, il a reconnu fièrement avoir autorisé la très secrète National Security Agency (1) à poser de telles écoutes, après les attentats du 11 septembre 2001, pour surveiller des «personnes entretenant des liens avec Al-Qaeda et d'autres organisations terroristes proches». Cet «outil vital dans la guerre contre le terrorisme» continuera à être employé, a-t-il déclaré. Il a poussé l'audace jusqu'à accuser sans le nommer le New York Times, qui a révélé vendredi l'existence de ce programme secret, d'avoir mis le pays en danger : «Nos ennemis ont appris une information qu'ils n'auraient pas dû connaître et sa révélation non autorisée porte atteinte à notre sécurité nationale et met les citoyens en danger.»
Dans un premier temps, le Président s'était refusé à tout commentaire sur le sujet. Mais la Maison Blanche a changé radicalement de tactique et a décidé de prendre le taureau par les cornes. Le message hebdomadaire du Président, samedi, était inhabituellement télévisé et retransmis en direct. Car l'affaire des écoutes avait commencé à mettre en émoi le Sénat, qui débattait cette semaine du Patriot Act, cette loi qui a