Tchita envoyée spéciale
Face à face, dans la grande salle de réunion de la mairie de Tchita, une rangée de fonctionnaires russes et deux rangées d'hommes d'affaires chinois, séparés par un rideau de plantes vertes. Ce jour-là dans la ville russe de Tchita (sud de la Sibérie), c'est une délégation de la ville chinoise de Hulunbeier qui est en visite, et le tableau illustre assez bien le face-à-face actuel entre ces deux grandes puissances qui se côtoient sur 4 400 kilomètres de frontière. Venus en nombre et flanqués d'hommes d'affaires, les Chinois ont entre 30 et 40 ans et l'air prêts à saisir la moindre opportunité. En face, leurs hôtes sont de paisibles fonctionnaires russes, qui vont sur leurs 50-60 ans et semblent vissés à leur table avec pour mission de ne pas lâcher de terrain.
Depuis l'ouverture de la frontière russo-chinoise, à partir de 1989, la Sibérie connaît un déferlement de marchandises, investissements et main-d'oeuvre chinois, au point qu'en Russie on parle avec frissons de l'«expansion jaune». Mais la Russie profite aussi de cette ouverture pour vendre à la Chine son pétrole et son bois et développer, grâce aux capitaux chinois, une région peu peuplée. «Avec tout le pétrole, le bois et les engrais russes qui sont livrés à la Chine, le solde de notre commerce bilatéral reste très favorable à la Russie», rappelle le maire d'Hulunbeier.
Grandes perspectives. Ce matin, à la mairie de Tchita, les Chinois sont venus proposer de construire une usine de fabrication d'h