New York envoyé spécial
A l'aube, depuis deux jours, les New-Yorkais marchent, millions de fourmis au pied de leurs gratte-ciel. Emmitouflés, précédés de petites volutes de vapeur, ils avancent sans pester. La grève du métro et des bus, déclenchée dans la nuit de lundi à mardi, n'a pas paralysé la ville, car les New-Yorkais s'adaptent toujours à tout, très vite. La police bloque l'entrée de Manhattan aux voitures qui ne sont pas pleines (quatre passagers). Les entreprises, elles, ont organisé des systèmes de covoiturage, parfois par cars entiers. Chacun se débrouille. Dans les rues fluides de Manhattan, hier matin, on pouvait voir des grands messieurs sur des minivélos, ou des petites dames sur de très grandes bicyclettes, des auto-stoppeurs, des malins qui se sont improvisés taxis (15 dollars la course).
Adaptable. Près de la gare Pennsylvania Station, Eric Berenson, un technicien vidéo de 33 ans, porte des patins à roulettes autour du cou. Il a patiné pour traverser le pont de Queen, avant de remettre ses chaussures, crevé. «Je suis dans la merde, mais je suis adaptable», dit-il, philosophe. Sur la Sixième Avenue, Rich et Bob Vilardi, deux frères, charpentiers de 45 et 50 ans, tirent derrière eux leurs outils sur des roulettes : «C'est embêtant, mais on comprend les grévistes, dit Bob, leurs patrons veulent leur reprendre des avantages, ce n'est pas normal.» Sur l'immeuble de FoxNews, en face, des messages d'information défilent en lettres rouges : «... la grève illégale...