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Libération
Interview

Riad Turk, opposant communiste syrien, a été emprisonné dix-sept ans.

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«Le pouvoir de Bachar el-Assad est en crise totale»
publié le 22 décembre 2005 à 5h05

Les mauvais traitements subis en prison font qu'il ne supporte guère les cafés bruyants. De passage à Paris, Riad Turk a donné rendez-vous dans la cafétéria quasiment vide d'un supermarché. A 78 ans, l'éternel opposant communiste, le «Mandela arabe», qui a survécu à plus de dix-sept ans passés dans les geôles de Hafez al-Assad, plus quelques mois dans celles de son fils Bachar, se refuse au moindre bémol dans ses dénonciations. Il a été l'un des artisans de la Déclaration de Damas du 16 octobre, qui réclame un «changement démocratique et radical» du pouvoir de façon «pacifique et graduelle».

La Déclaration de Damas fait-elle l'unanimité au sein de l'opposition?

La plupart des partis et des opposants la soutiennent. Seule une minorité a émis des réserves et une autre s'y est opposée. Les réserves viennent des courants gauchistes et laïques, lesquels n'ont pas de partis organisés. Ils disent que la déclaration n'est pas centrée sur les menaces extérieures et l'unité arabe. Ils citent un proverbe arabe: «Mieux vaut un gouvernement tyrannique que l'anarchie». Mais c'est le pouvoir qui a créé des dangers contre le peuple et affaibli la société. On n'est pas responsable de sa politique. Normalement, la société syrienne est nationaliste et ne veut pas être envahie. Mais si elle l'était, elle ne défendrait pas ce régime. Comme pour Saddam Hussein, les Irakiens n'ont pas opposé de résistance aux Américains. Mais après sa chute, ils ont commencé à le faire pour chasser les Américains.

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