Bogotá de notre correspondant
Pour la première fois, une guérilla colombienne discute avec le gouvernement du président Alvaro Uribe. Un des commandants de l'Armée de libération nationale (ELN, guévariste), Antonio Garcia, a rencontré cette semaine à La Havane un médiateur colombien, le haut commissaire à la paix Luis Carlos Restrepo, pour un premier contact. Ils se retrouveront en janvier pour définir un cadre de négociations «qui ait pour objectif la paix nationale».
Crise. Même s'il ne s'agit toujours pas des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, 16 500 hommes), qui détiennent Ingrid Betancourt et 58 autres otages politiques et militaires, la rencontre avec un groupe d'extrême gauche est un pas important pour le président de droite. Jusqu'ici, il ne négociait qu'avec les milices ultraconservatrices des Autodéfenses unies de Colombie (AUC), en cours de démobilisation et envers lesquelles il est accusé de complaisance.
Le moment serait aussi propice pour l'ELN, «usée, qui pourrait chercher une sortie honorable» après plus de quarante ans de conflit, selon l'ex-diplomate Roberto Saenz. Créée en 1964 par une vingtaine de paysans, rejoints par des étudiants séduits par l'épopée guévariste et des prêtres imprégnés de la théologie de la libération, cette guérilla est aujourd'hui en crise. «J'ai vu des combattants en uniforme déchiré qui faisaient presque peine à voir», témoigne un religieux proche des négociations.
«Ils paient aujourd'hui une vieille position éthique», c