Varsovie de notre correspondante
Symbole des temps nouveaux, la station ultracatholique Radio Maryja, longtemps boudée par la classe politique, vit ses heures de gloire. Pour barrer la route au candidat libéral Donald Tusk, elle a soutenu Lech Kaczynski, qui prend ses fonctions de chef de l'Etat aujourd'hui. Et, très populaire dans la campagne profonde, elle a pesé dans sa victoire. Pour le quotidien Gazeta Wyborcza, il n'y a pas de doute, «Radio Maryja a été le vrai gagnant des élections, législatives et présidentielle».
Protégé par une clôture de deux mètres de haut et tout un système de caméras de surveillance, le siège de la station à Torun, à 180 kilomètres au nord de la capitale, voit désormais défiler des limousines gouvernementales. Ce ne sont plus seulement les auditrices qui viennent déposer de modestes dons, prier dans la chapelle ou acheter les recettes de cuisine de soeur Felicja, vendues dans la librairie à côté de livres sulfureux comme le Protocole des sages de Sion...
Phobies antisémites. Le chef du gouvernement, Kazimierz Marcinkiewicz, a donné le ton. Peu après sa nomination, fin octobre, ce catholique pratiquant, père de cinq enfants, s'est rendu à Torun accompagné de deux ministres. Il a participé à la célèbre émission du soir, Conversations inachevées. Les auditeurs qui téléphonent déversent leurs phobies antisémites à l'antenne, s'attaquent aux postcommunistes et aux libéraux, nouvelle menace pour la Pologne catholique. D'autres ministres ont suivi. Celui