Tokyo de notre correspondant
Le Japon s'inquiète de la montée en puissance de la Chine et le fait savoir. Hier, le ministre des Affaires étrangères, Taro Aso, un «faucon», s'est livré à une critique en règle du rival chinois. Selon lui, la Chine faisait peser une «menace militaire considérable», sans préciser vers quel(s) Etat(s) cette «menace», déjà formulée dans le Livre blanc de la défense 2003 et 2004 du Japon, était dirigée. «Ses dépenses militaires enregistrent une croissance annuelle à deux chiffres depuis dix-sept années consécutives. [Or] ces dépenses ne sont pas transparentes», a-t-il accusé. «Quel est l'objectif, pour un ministre des Affaires étrangères, de tenir de tels propos irresponsables ?» a réagi un porte-parole à Pékin.
Jamais depuis la signature de leur traité de paix et d'amitié, en 1978, les relations entre les deux «ennemis ancestraux» n'ont été si mauvaises. Climat délétère exacerbé par leur approche opposée de la question de Taiwan, l'obstruction de Pékin à l'obtention par Tokyo d'un siège permanent au Conseil de sécurité à l'ONU, leurs différends historiques aggravés par le révisionnisme et le négationnisme de l'histoire au Japon, ou encore leur rivalité farouche dans la course aux ressources énergétiques en mer de Chine (du Japon, selon la terminologie nippone).
Au dernier sommet de l'Apec (Forum de coopération économique Asie-Pacifique), à Pusan (Corée du Sud), le mois dernier, le président chinois Hu Jintao a carrément refusé de rencontrer Junichiro