Menu
Libération

Charia ou raki, la Turquie doit choisir

Article réservé aux abonnés
Le parti islamiste au pouvoir veut interdire la consommation d'alcool dans les lieux publics.
publié le 26 décembre 2005 à 5h07

Ankara envoyé spécial

L'écriteau est apposé à l'entrée des guinguettes du Mogangülü, petit lac de la périphérie d'Ankara, destination traditionnelle pour le bol d'air dominical : «La consommation d'alcool est formellement interdite». Dans les établissements des parcs des périphéries de la capitale turque, raki (traditionnel alcool anisé), bière ou vin sont désormais proscrits sauf dans quelques restaurants de luxe. Et maintenant le maire, Melih Gökcek, membre de l'AKP, le parti au pouvoir issu du mouvement islamiste, accentue encore son offensive en annonçant l'interdiction totale de l'alcool dans le Gençlikpark, le «parc de la jeunesse» en plein coeur de la ville, quand rouvriront, l'an prochain, les 40 bars et restaurants fermés pour rénovation. Une mesure sonnant comme un défi dans la capitale fondée par Mustafa Kemal, le père de la République, lui-même grand buveur devant l'éternel et mort d'une cirrhose du foie, dont un grand portrait lumineux orne l'entrée de ce jardin qu'il aimait fréquenter. Depuis, le lieu s'est dégradé, comme tout ce quartier datant des années 30, mais ce jardin reste un symbole.

Moralisme islamiste. «J'aime le raki et je suis un fils de la République. En Europe on respecte la liberté des buveurs, mais l'AKP a la charia dans sa tête et tente de grignoter jour après jour les conquêtes de la laïcité», grommelle Satilmis Cimen, retraité, attablé dans une maison de thé en lisière du parc. Comme beaucoup d'autres vieux Ankariotes, il craint que la municip