Dans ses grands moments, Jean Paul II maniait théâtralement jusqu'à soixante différents idiomes lors de ses voeux au balcon de la place Saint-Pierre, mais, pour sa première bénédiction de Noël urbi et orbi («à la ville et au monde»), son successeur Benoît XVI s'est contenté de 32 langues, dont le swahili, le chinois ou l'hébreu, avant de finir par le latin. Un style plus réservé à l'image de ce très conservateur théologien allemand qui aime le piano et les chats, se méfie des bains de foule et tient à affirmer avant tout la dimension spirituelle de sa mission.
Homélie. «L'homme de l'ère technologique risque d'être victime des succès mêmes de son intelligence et des résultats de ses capacités d'action s'il se laisse prendre par une atrophie spirituelle, par un vide du coeur», a lancé hier l'ancien préfet pour la doctrine de la foi. Quelques heures plus tôt, lors de son homélie pour la messe de minuit, il avait notamment appelé les catholiques à se transformer en «porteurs de paix» dans le monde et a prié tout spécialement pour la paix en Terre sainte. Un discours sans surprise.
Elu le 19 avril sur le trône de Pierre, l'ex-cardinal Joseph Ratzinger, qui fut le plus proche collaborateur de Jean Paul II, a jusqu'ici mené un pontificat en demi-teinte, gérant «de façon notariale la continuité», comme le déplorent nombre de vaticanistes italiens qui n'hésitent pas à critiquer «son immobilisme». Intransigeant sur le dogme et la vie de l'Eglise, le défunt pape polonais avait en même te