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Libération

Le fantôme du «Joola» hante la traversée Ziguinchor-Dakar

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Trois ans après le terrible naufrage, les passagers boudent le nouveau ferry.
publié le 27 décembre 2005 à 5h08

Ziguinchor envoyé spécial

Le son de la corne d'un bateau de passagers retentit pour la première fois après trois ans d'absence à Ziguinchor. Le Wilis, le ferry qui reprend la traversée Ziguinchor-Dakar, quitte doucement la Casamance. Accoudé à la balustrade du bateau, les yeux rivés sur le quai propre comme un sou neuf, Ibrahim Sarr, principal de collège, lance : «Y a rien là, le quai est vide ! Avant, c'était un marché, tout se vendait dans l'enceinte du port.» Le brouhaha, les odeurs de poissons, les paniers de fruits ont laissé place au seul bruit du moteur et au bitume sans tache où accoste le Wilis.

Sécurité. Annonce du haut-parleur : «En cas de situation d'urgence, vous serez avertis par cette sonnerie.» S'ensuit un long bip. «Gardez votre calme et enfilez vos gilets de sauvetage», reprend l'hôtesse. Le Wilis, c'est la sécurité avant tout : gilets de sauvetage, canots, tout est en place. Certains scrutent un peu nerveusement l'épaisse fumée qui sort de la cheminée du bateau. Personne n'a oublié le Joola, l'ancien ferry qui a coulé le 26 septembre 2002 au large des côtes gambiennes, avec plus de 1 800 victimes.

Il y a aussi quelques rires étouffés : «On se croit dans un avion.» Le bateau était impatiemment attendu en Casamance, la province méridionale du Sénégal, coupée du reste du pays par la Gambie, et en proie à une rébellion séparatiste depuis 1982. Depuis la signature d'un accord de paix, il y a un an, un calme relatif est revenu. Les premiers voyages du Wilis se font