Même du fond de sa cellule, Ayman Nour continue de gêner le président Hosni Moubarak. Les critiques se multiplient à l'encontre du régime égyptien après la condamnation, samedi, à cinq ans de prison ferme de son principal opposant. A la veille de Noël, Washington s'était déclaré «profondément troublé» par ce jugement. Lundi, le Quai d'Orsay a appelé Le Caire à respecter «les droits de la défense» et à favoriser «le développement des partis politiques».
En septembre, lors de la première présidentielle pluraliste de l'histoire du pays, Ayman Nour s'était imposé comme le principal rival du chef de l'Etat sortant. Inconnu du grand public quelques semaines plus tôt, ce politicien libéral et volontiers populiste avait sillonné l'Egypte, promis de lever l'état d'urgence en vigueur depuis un quart de siècle, multiplié les discours au vitriol contre le clan Moubarak, courtisé les Frères musulmans et recueilli 8 % des suffrages, contre 89 % à son adversaire.
Depuis ce succès modeste, cet ancien avocat de 41 ans subit ce qui ressemble fort à une campagne de harcèlement. Les médias officiels l'accusent d'être un agent à la solde des Etats-Unis. Son épouse, Gamila, une journaliste de Newsweek, a été la cible d'attaques à caractère sexuel. En novembre, à l'issue d'élections législatives entachées par la violence, la fraude et de multiples irrégularités, il a perdu son mandat de député dans son fief du Caire. Son parti, Al-Ghad (Demain), n'a retrouvé aucun des 7 sièges qu'il détenait dans l'