Les législatives du 15 décembre devaient contribuer à la stabilisation de l'Irak. Elles n'ont fait que dresser davantage les communautés les unes contre les autres, comme le montrent les manifestations quasi quotidiennes de groupes sunnites qui contestent les résultats et demandent de nouvelles élections. Principale accusée : la liste de l'Alliance irakienne unifiée (AIU, qui fédère les partis islamistes chiites). Selon des résultats encore provisoires, elle apparaît comme la grande triomphatrice du scrutin, en dépit d'un bilan gouvernemental accablant. Non contente d'avoir fait régner la terreur dans le sud du pays au moment du scrutin, y compris par des assassinats d'opposants, et d'avoir bourré les urnes, fait pression sur les électeurs, elle a eu recours massivement à des fraudes pour s'imposer à Bagdad.
Dans cette ville que se partagent notamment chiites et sunnites, l'AIU obtiendrait quelque 60 % des suffrages, un chiffre supérieur à... celui de la communauté chiite. Depuis, les leaders sunnites, qui s'étaient engagés pour la première fois dans le processus électoral, enragent. D'autant plus que certains, comme dans le bastion sunnite de Ramadi, avaient même fait protéger les urnes par les insurgés. «Dans les villes du Sud, le triomphe chiite peut se comprendre. Pas à Bagdad. Pour les sunnites, c'est une douche froide. Cela veut dire que les leaders chiites ont confessionnalisé la ville et voulu dresser une communauté contre une autre», souligne le politologue et anthro