Rangoon envoyé spécial
A la simple évocation du nom Pyinmana, les fonctionnaires birmans se tétanisent et refusent de répondre aux questions. Et si l'on insiste, ils coupent la communication. «Sujet trop sensible», lâche le directeur d'un département ministériel qui ne porte pourtant pas le gouvernement dans son coeur. Les chauffeurs refusent de s'y rendre, parlent d'une zone protégée, de contrôles infranchissables pour l'étranger. Pyinmana est la nouvelle capitale choisie par le régime dictatorial birman, dans les montagnes du centre du pays, à quelque 390 kilomètres de Rangoon, la capitale actuelle. Son existence, longtemps tenue secrète, a été brutalement révélée, le 4 novembre, aux fonctionnaires abasourdis. Avec ordre de s'y installer immédiatement et sans récriminations. Le dimanche suivant, à exactement 6 h 36 du matin horaire choisi pour des raisons astrologiques par le général Tan Shwe, le leader de la junte , un convoi de centaines de camions militaires chinois, chargés de meubles et de milliers de fonctionnaires portant leur casse-croûte sous le bras, a quitté Rangoon pour cette cité nouvelle située à environ neuf heures de route plus au nord. «C'est une décision d'un genre militaire. Le chef ordonne et personne ne bronche. Ils considèrent leurs fonctionnaires comme des militaires», note un diplomate occidental.
Paranoïaque. L'établissement d'une capitale administrative au centre du pays connaît des précédents (Brasilia) et ne manque pas de bon sens. Mais c'est b