New York de notre correspondant
C'est une histoire à première vue incompréhensible : un criminel nazi installé aux Etats-Unis depuis 1951, extradé en 1986, puis sauvé par la justice israélienne en 1993. Mercredi, John Demjanjuk s'est vu notifier un nouvel ordre d'expulsion des Etats-Unis. Un juge fédéral de Cleveland a décidé son extradition vers l'Ukraine, où il est né. Cet ordre confirme une décision prise en juin, estimant que Demjanjuk, aujourd'hui âgé de 85 ans, a été «garde pendant la Seconde Guerre mondiale dans un camp d'extermination nazi et dans deux camps de concentration en Pologne» et qu'il a «ensuite caché ce passé quand il a immigré aux Etats-Unis». Demjanjuk avait contesté cette décision fin novembre, son avocat faisant état de sa mauvaise santé et de risques de torture dans les prisons ukrainiennes. Des arguments rejetés par le juge de Cleveland.
Ballotté. Comment expliquer un tel parcours sinueux, ballotté entre expulsions américaines et acquittement israélien ? Dans le détail, les deux plaintes diffèrent sensiblement. En 1993, la Cour suprême israélienne a estimé que les preuves n'étaient pas suffisantes pour établir que Demjanjuk était celui que les prisonniers de Treblinka surnommaient «Ivan le Terrible» en raison de sa cruauté. Or ces soupçons formaient le coeur de l'accusation et Demjanjuk a été acquitté. «La Cour a décidé qu'il y avait trop de doutes pour le déclarer coupable, explique le rabbin Abraham Cooper, qui a suivi le cas au Centre Simon Wiesent