Ils ne voulaient pas rentrer chez eux, au Soudan. Ils étaient plusieurs milliers de réfugiés à camper depuis trois mois devant des bureaux de l'ONU dans un quartier huppé du Caire. Vendredi matin, la police antiémeutes égyptienne est intervenue à coups de matraque pour les déloger du petit parc où ils s'étaient installés. Dans la bousculade qui s'en est suivie, des dizaines de personnes ont été piétinées. Bilan : au moins vingt-trois morts, surtout des enfants et des personnes âgées, une quarantaine d'autres blessées. Vingt-trois policiers égyptiens ont également été blessés dans la bagarre, a indiqué le ministre égyptien de l'Intérieur.
Canons à eau. Selon les témoins sur place, 2 000 policiers ont d'abord essayé d'utiliser des canons à eau pour les disperser. Puis ils ont forcé les réfugiés soudanais, hommes, femmes et enfants, à monter dans des bus garés non loin de là. Résistance, panique dans la foule. «Ils veulent nous tuer», a crié l'un d'eux. «Nos demandes sont légitimes, c'est notre droit de manifester ici, le seul droit que nous ayons», a poursuivi l'homme.
Quelques heures auparavant, les autorités égyptiennes avaient tenté, en vain, de persuader les protestataires de quitter les lieux. Depuis fin septembre, ils sont environ 3000 à réclamer le statut de réfugié politique et le droit d'immigrer vers un pays étranger. Déboutés par le Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), ils demandent qu'on les aide à s'installer aux Etats-Unis, au Canada ou en Australie.