Guerrier impénitent, voire féroce, faucon inflexible, roublard, «bulldozer» pour les uns, «boucher», «lâche» pour certains Palestiniens, «roi d'Israël» pour ses plus chauds partisans, Ariel Sharon a laissé une trace brûlante dans l'histoire de son pays. De la guerre à outrance à l'amorce d'une paix, d'une certaine paix du moins, il n'est certes pas le premier général à avoir puisé sur les champs de bataille sanglants le sens d'un réalisme tard venu. «Je suis né dans une ferme. Je tire ma force non de l'appareil politique mais de la nature et des fleurs.» Homme de la terre, fils de deux paysans venus de Biélorussie au début du XXe siècle, Vera et Shmuel Scheinerman, il aime poser non sans coquetterie avec ses moutons dans sa ferme des Sycomores. De sa mère, Vera, en indélicatesse avec tout son voisinage, il tient son obstination, son dédain du qu'en-dira-t-on, et le plaisir secret de tenir tête à tous.
Une «légende» militaire
Né à Kfar Malal en 1928, Sharon a connu la pauvreté. D'où, sans doute, un goût tardif pour les commodités de la vie sa ferme est prospère. Et quelques imprudences avec la loi. Elevé à la dure, il rejoint à 14 ans la Haganah, la milice de défense juive d'avant et d'après la création de l'Etat d'Israël. Pendant la guerre d'Indépendance en 1948 âgé de 20 ans, il y est officier d'infanterie , les combats meurtriers devant la forteresse de Latroun où nombre de ses hommes sont blessés forgent à jamais sa doctrine militaire : ne jamais reculer, ne pas ab