Washington de notre correspondant
Lorsqu'il s'est rendu au tribunal, mardi à Washington, pour plaider coupable de fraude, évasion fiscale et corruption active, le lobbyiste Jack Abramoff avait revêtu sa plus belle tenue de gangster : trench-coat noir et borsalino assorti. Le lendemain, coiffé d'une casquette, il était en Floride pour plaider de nouveau coupable, dans une affaire concernant le rachat frauduleux de bateaux-casinos.
Abramoff, 46 ans, naguère l'un des plus puissants et flamboyants lobbyistes républicains au Congrès, est maintenant considéré sur la colline du Capitole comme une grenade dégoupillée. Car il ne tombera pas seul. S'il a plaidé coupable, c'est à la suite d'un compromis négocié avec la justice. Pour obtenir une peine réduite à une dizaine d'années de prison (il en risquait trente) il s'est engagé à fournir aux procureurs des preuves concernant la corruption de parlementaires. Dans les documents présentés à la cour, un seul représentant (Bob Ney, de l'Ohio) est mentionné. Mais un déballage est attendu. «On est probablement en présence du plus grand scandale parlementaire de l'histoire», prédit Melanie Sloan, directrice de Citizens for Responsability and Ethics, une organisation basée à Washington. Entre 1994 et 2004, Abramoff, qui représentait plusieurs tribus indiennes (qu'il volait au passage), s'était lié à des républicains, à commencer par le Texan Tom DeLay, ex-leader de la majorité à la Chambre, qui a démissionné l'an dernier après son inculpation d