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Libération

Madrid limoge un général qui voulait intervenir en Catalogne

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Mena Aguado avait critiqué le futur statut d'autonomie de la région.
publié le 9 janvier 2006 à 20h01

Madrid de notre correspondant

Jamais, depuis le retour de la démocratie espagnole après la mort de Franco en 1975, une telle sanction n'avait été infligée à un militaire de haut rang. Samedi, le ministre de la défense, José Bono, a ordonné la mise aux arrêts à domicile du général Mena Aguado, prélude à un limogeage qui sera officialisé vendredi. Adjoint du chef d'état-major de l'armée de terre, José Mena Aguado est jugé coupable d'avoir enfreint l'interdiction faite aux militaires d'exprimer leurs opinions politiques.

Vendredi, à Séville, à l'occasion de la fête de l'armée, ce général de 64 ans s'est fendu d'un discours solennel, alertant «sur les graves conséquences» que supposerait le futur statut d'autonomie de la Catalogne, et invoqué la «responsabilité des forces armées» pour préserver «l'intégrité territoriale de la nation espagnole». Il a émis publiquement l'hypothèse d'une intervention militaire si le statut d'autonomie élargi pour la Catalogne (l'«Estatut») «dépassait les limites constitutionnelles». L'article 8 de la Constitution précise notamment que «les forces armées ont pour mission de [...] défendre (l')intégrité territoriale». Largement approuvé par le parlement autonome catalan en septembre, mais critiqué par les partis nationaux, l'Estatut entend faire reconnaître la riche Catalogne comme une «nation», bénéficiant d'une souveraineté fiscale et judiciaire. La sortie du général Mena Aguado a aussitôt été qualifiée d'«inadmissible» par toute la classe politique,