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Les immigrés abandonnent les Pays-Bas

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Pour la troisième année, le solde migratoire est négatif à cause de la récession, de l'exclusion des immigrés et d'une crise politique et morale.
publié le 10 janvier 2006 à 20h01

Amsterdam de notre correspondante

Du jamais vu depuis les années 1950 ! Il y a plus de personnes à quitter les Pays-Bas qu'à vouloir s'y installer. Dans un pays obsédé par son immigration, les flux migratoires se sont inversés ces trois dernières années. Le solde, négatif depuis 2003, va en se creusant : 16 000 personnes en 2004 et 20 000 en 2005, selon les dernières informations du Bureau central des statistiques (CBS). Et ce, malgré l'afflux de ressortissants en provenance des nouveaux pays membres de l'Union européenne (UE).

Entre janvier et novembre 2005, 91 000 étrangers se sont installés aux Pays-Bas, parmi lesquels 6 600 Polonais, 5 200 Allemands et 3 200 Chinois, indiquent les statistiques officielles. Au cours de la même période, 110 250 résidents des Pays-Bas ont émigré. Fait significatif : la moitié d'entre eux seulement sont des natifs du royaume batave. L'autre moitié provient des plus fortes colonies d'immigrés des Pays-Bas : Turcs, Marocains, Surinamais et Antillais.

Assassinats. A lui seul, le pessimisme des Néerlandais n'explique pas tout. A la récession traversée par le pays depuis 2001 s'est ajoutée une crise politique, marquée par les assassinats du leader de droite Pim Fortuyn en 2002 et du cinéaste Theo van Gogh en 2004. Face à un malaise grandissant, de plus en plus de jeunes cadres sont tentés par l'expatriation. Selon l'Agence nationale pour l'emploi (CWI), 49 000 professionnels ont quitté le pays en 2004, sans forcément tenter l'aventure à l'autre bout