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Libération
Interview

«On dirait que la justice se fait à la tête du client»

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publié le 10 janvier 2006 à 20h01

Veuve du chercheur Michel Seurat, kidnappé en 1985 à Beyrouth, Marie Seurat a adressé une lettre au garde des Sceaux dans laquelle elle dénonce «le silence de mort» du ministère à propos de la disparition de son mari.

Qu'est-ce qui vous choque le plus dans l'attitude du juge Bruguière ?

Il y a environ deux mois et demi, le Quai d'Orsay m'appelle pour me dire que son corps a peut-être été retrouvé et qu'il faut faire une identification. Depuis, plus la moindre nouvelle. Or, procéder à des tests ADN, c'est une question de deux semaines maximum. Pendant quinze ans, j'ai réclamé son corps pour que le travail de deuil puisse être fait par la famille. En 2003, après une énième visite à l'Elysée, on m'a dit : «Oubliez-le, on ne le retrouvera jamais.» Alors, j'ai fini par dire : «Oublions-le» et on a fini par apprendre à l'oublier. Et c'est ça que je trouve lamentable : rouvrir les plaies et nous laisser souffrir en nous regardant. On ne laisse pas ainsi une famille dans le désarroi.

Tout a-t-il été fait pour retrouver le corps de Michel Seurat ?

Je crois. Grâce à Jacques Chirac et à son ami Hariri, on a même fait creuser en 1998 une immense tranchée dans la banlieue sud, quelque chose de 2,5 km de long et 25 mètres de profondeur. Sans résultat.

Quelles informations vous a-t-on données ?

Que des ouvriers avaient découvert des ossements en creusant un chantier dans la banlieue sud et qu'ils pouvaient être ceux de mon mari.

Vous reprochez aussi à Bruguière de ne pas instruire votre plainte p