Genève de notre correspondant
Les espions suisses ne seraient-il pas aussi neutres qu'ils le prétendent ? Depuis la fuite dans la presse alémanique, dimanche, d'une information en provenance des services secrets helvétiques qui accrédite la présence d'une prison secrète américaine en Roumanie, le débat fait rage à Berne, la tranquille capitale fédérale.
L'histoire a de quoi faire vaciller les relations entre les Etats-Unis et la Confédération. Le 8 janvier, le journal dominical SonntagsBlick a publié le fac-similé d'un document classé secret des services de renseignements suisses qui, à partir d'un message intercepté du ministère égyptien des Affaires étrangères, évoque la détention de vingt-trois Irakiens et Afghans en Roumanie. Les interrogatoires auraient eu lieu, selon le fax, sur la base militaire américaine Mihail Kogalniceanu, près du port de Constanza, sur la mer Noire. Bucarest a depuis démenti.
Crédible.
Cette fuite accusatrice n'est pas la première. Le Washington Post a publié plusieurs articles très détaillés sur les «prisons secrètes» de la CIA en Europe, grâce à des sources très probablement toujours en fonction dans la centrale de renseignements américaine. Mais, sur le sol européen, le document des services suisses est la première preuve probante de l'existence de tels centres de détention.
Le message capté par les stations d'écoute suisses était adressé par le ministère égyptien à l'ambassade d'Egypte à Londres. «Il existe des centres d'interrogatoires semblables