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Interview

Omar Saghi «La Mecque a de plus en plus de mal à contenir la demande»

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Omar Saghi, chercheur, revient sur le hadj après la mort de 362 pèlerins:
publié le 14 janvier 2006 à 20h04

Omar Saghi est chercheur à Sciences-Po Paris, où il est en train de rédiger une thèse sur le pèlerinage («hadj», en arabe) à La Mecque. Le hadj est l'un des cinq piliers de l'islam.

L'hécatombe de jeudi avec 362 morts sort-elle de l'«ordinaire» par son ampleur?

Indépendamment du respect que l'on peut avoir pour les victimes, on est dans l'ordinaire. Le nombre de pèlerins a beaucoup augmenté alors que les incidents diminuent, en part relative. Les bousculades ont toujours existé, mais aujourd'hui elles paraissent intolérables. Jusque dans les années 90, on s'intéressait surtout aux incidents politiques. Il y a eu la sanglante prise d'otages de 1979, les incidents avec les pèlerins iraniens en 1986. Pendant ce temps, ce genre de catastrophes, d'ordre logistique, ne s'est jamais arrêté.

Dans la gestion du pèlerinage, il y a eu trois phases. Une phase religieuse, de 1925 à 1979, où les Saoudiens voulaient faire du pèlerinage une sorte de voie d'accès au wahhabisme, d'où les incidents fréquents avec les chiites. De 1980 à 2000, c'est le contrôle politique qui prime: chaque Etat national est responsable de son contingent. Depuis 2000, c'est une gestion policière: on cherche à installer une traçabilité du pèlerin, à le suivre, étroitement et en douceur, pour son bien. Les pèlerins sont de plus en plus jeunes et riches. Beaucoup viennent d'Occident et ont un certain nombre d'exigences. L'Etat saoudien s'est transformé en Etat moderne et recherche le risque zéro. Il fait de plus en plus la publicité du pèlerinage sur la sécurité, la santé, l'alimentation. La gesti