C'est un souverain fantôme qui s'est éteint hier après un interminable règne de vingt-huit ans sur le petit émirat du Koweït. Cheikh Jaber al-Ahmed al-Jaber al-Sabah, décédé à l'âge de 77 ans, prisait peu les sommets qu'affectionnent les dirigeants arabes, ne donnait pas d'interviews et ne voyageait hors du golfe Persique que pour aller recevoir des soins à l'étranger. D'une manière générale, il se montrait peu, préférant vivre cloîtré dans ses palais, donnant l'image d'un émir peu intéressé par la marche du monde. La réalité du pouvoir, il la laissait à son demi-frère et homme lige, Cheikh Sabah al-Ahmed al-Sabah. Depuis une hémorragie cérébrale en septembre 2001 dont il ne s'était jamais complètement remis, il lui avait d'ailleurs délégué la plupart de ses prérogatives.
En août 1990, la pire des crises
Aux heures douloureuses qu'a traversées le Koweït la longue guerre Irak-Iran (1980-1988), le crash économique de 1982 et, surtout, lors de la pire crise qu'il ait jamais connue, l'invasion irakienne d'août 1990, on ne vit donc jamais l'émir Jaber en première ligne. Ni sur le front médiatique, ni dans la campagne diplomatique. Là encore, Cheikh Sabah, alors ministre des Affaires étrangères depuis 1963, occupa le devant de la scène et, loin derrière lui, le prince héritier et cousin de l'émir, Cheikh Saad al-Abdallah al-Sabah, à l'époque Premier ministre.
Selon la Constitution, Cheikh Saad est appelé automatiquement à succéder au souverain décédé. Lui est plus populaire. On l