Devant la foule en liesse rassemblée devant son QG de campagne, Michelle Bachelet a promis dimanche soir d'être «la présidente des citoyens» et de mener «un nouveau style de politique nationale, plus participative». Les résultats de l'élection présidentielle venaient de tomber, la candidate de la Concertación, coalition de centre gauche, était désormais assurée de l'emporter avec 53 % des suffrages, contre 47 % pour son rival, le candidat de l'opposition de droite Sebastián Piñera.
Hier, la plupart des journaux chiliens titraient sur le «triomphe historique» de Michelle Bachelet. Seize ans après la fin de la dictature militaire, le Chili s'est en effet choisi pour présidente une ex-militante trotskiste. Le temps a passé, la pédiatre a depuis occupé les fonctions de ministre de la Santé, puis de ministre de la Défense. Mais elle reste, dans la configuration politique chilienne, quelqu'un dont on attend qu'elle fasse de la politique «autrement», et pas seulement parce qu'elle est une femme. Comme on l'attend d'Evo Morales, élu en décembre à la tête de la Bolivie, parce qu'il est indien et fut syndicaliste.
Depuis l'élection, en 2002 au Brésil, de Luiz Inácio Lula da Silva, l'Amérique latine et plus précisément l'Amérique du Sud semble amorcer un virage à gauche. Hugo Chávez au Venezuela, Néstor Kirchner en Argentine, Tabaré Vasquez en Uruguay, Morales en Bolivie... D'autres pourraient rejoindre le groupe en 2006, avec des élections prévues notamment au Costa Rica, au Pérou, au M