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Libération

Londres: le fichier ADN grossit, l'inquiétude aussi

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La police dispose déjà de 3 millions d'empreintes génétiques enregistrées, soit 5,2 % de la population.
publié le 17 janvier 2006 à 20h05

Londres de notre correspondante

Il est le père de l'identification biologique des individus grâce à l'ADN, et notamment des criminels. Une prouesse qui a valu à Alec Jeffreys le titre de chevalier, une renommée internationale, et quelques tourments éthiques sur l'usage qui est fait désormais des empreintes génétiques par la police britannique.

Jeune professeur de l'université de Leicester, sir Alec Jeffreys a 35 ans lorsque, en 1985, la police sollicite ses talents de généticien dans l'affaire du meurtre et du viol de deux collégiennes, Lynda Mann et Dawn Ashworth. Vingt ans plus tard, le Royaume-Uni est le «leader mondial dans l'utilisation de l'ADN pour résoudre les crimes», s'est félicité au début du mois Andy Burnham, en charge de la police scientifique au Home Office.

Effectivement, la base de données dont dispose la police est gigantesque : 3 millions d'empreintes y sont enregistrées, soit près de 5,2 % de la population, et le gouvernement espère poursuivre cet archivage avec célérité pour atteindre les 4,25 millions d'ici deux ans ­ en France, le fichier national n'en compte que 125 000.

Cette expansion et les travers de ce gigantesque fichier génétique inquiètent les associations de défense des libertés, des juristes, et Alec Jeffreys. Le généticien se dit «sérieusement préoccupé par le fait que, depuis 2004, il soit permis de conserver l'ADN de gens qui sont innocents. La conservation de ces échantillons signifie implicitement que l'on considère que ces gens peuvent com