Le budget annuel de l'Etat libérien se monte à 80 millions de dollars, soit un peu moins de 24 heures de dépenses du ministère français de la Défense ou encore un dixième du PNB de Monaco. Le Liberia n'est pas une passoire, c'est un trou noir. Selon un diplomate occidental, 25 % des revenus de l'Etat sont détournés chaque mois. De 2003, date de l'accord de paix qui a mis fin à quatorze ans d'une atroce guerre civile, à 2005, les ministres du gouvernement de transition se sont octroyé 22 millions de dollars. En cash bien sûr. Lors de ses séjours à l'étranger, pendant ces deux années, le président Gyude Bryant s'est attribué 6 000 dollars par jour. Cela incite aux relations diplomatiques...
Gabegie. La paix a été achetée au prix d'un «partage des dépouilles» chèrement payé. Mais la corruption ne règne pas qu'au sommet de l'Etat. L'année dernière, le manager du port de Monrovia, l'une des principales ressources de l'Etat, s'est rendu en Israël pour démarcher des compagnies pouvant évacuer une épave bouchant l'accès aux quais. Une société, GS Seal, a remporté le marché : en échange de la manutention, elle s'est vue accorder le monopole de la gestion du port container pour quinze ans. Pas cher ! Les bailleurs de fonds n'ont rien pu faire. Quant au manager du port, Joe Gballah, un ex-chef du Lurd, mouvement rebelle soutenu en son temps par la Guinée et les Etats-Unis, s'est évanoui dans la nature avec son confortable pot-de-vin.
En revanche, la communauté internationale a pu éviter