Finances publiques saines, inflation faible, commerce extérieur au beau fixe, croissance forte... En Amérique latine, le Chili fait figure d'exception. A Santiago, pas de crise économique et sociale ruinant les classes moyennes, comme chez le voisin argentin qui se remet à peine de la débâcle financière et sociale de 2000. Grâce à quoi ? «Ou plutôt à qui ?» corrigent les boîtes à idées de gauche, tant à Santiago qu'en Europe, qui se risquent à affirmer : "Grâce, en partie, aux décisions prises par le vieux dictateur Pinochet (1973-1990, ndlr), dont le modèle a été celui de l'ouverture et de la dérégulation économique.» Grâce surtout aux Chicago Boys, et leurs disciples chiliens formés à l'université de Chicago qui, vers la fin des années 70, ne jurent que par un maître : Milton Friedman, prix Nobel d'économie en 1976, chef de file du monétarisme et défenseur acharné du libre-échange.
Adaptation en 1985
Avant même que leurs idées de dérégulation et de privatisation séduisent la Grande-Bretagne de Thatcher ou les Etats-Unis de Reagan, ils travaillent au service de Pinochet. Pendant plusieurs années, le Chili servira de laboratoire. Du moins jusqu'à la crise financière de 1982-1983 et de la contestation sociale qui l'accompagnera. Du coup, ces politiques libérales seront adaptées en 1985, lorsqu'un certain Hernan Büchi, prend la direction du ministère des Finances. «Il a alors installé un modèle néolibéral que l'on connaît encore aujourd'hui, avec notamment, une ouverture à l'inv