Prague correspondance
Ils étaient cités comme des modèles de réussite dans les années 1990. Aujourd'hui, le mythe s'est écroulé. Plusieurs des principales figures de la privatisation postcommuniste sont actuellement en exil ou en prison... «Certains businessmen ont profité du flou juridique lors de la transition au capitalisme pour amasser des fortunes colossales de manière frauduleuse et disparaître. Il a fallu du temps pour que la justice lutte efficacement contre ces abus, mais nous sommes sur la bonne voie», souligne le politologue Jiri Pehe.
Il y a une dizaine d'années, Victor Kozeny, 42 ans, était au sommet de sa gloire. «Le pays a besoin de plus de gens comme Kozeny !» déclarait, en 1994, le Premier ministre Vaclav Klaus, maintenant chef de l'Etat. La dernière photo en date de Kozeny le montre menotté et entouré de deux policiers, devant le palais de justice de Nassau. Les juges bahaméens s'apprêtent à l'extrader vers les Etats-Unis, où il est poursuivi pour avoir arnaqué des investisseurs américains en Azerbaïdjan. Depuis deux ans, «le pirate de Prague» vivait réfugié aux Bahamas, dans une luxueuse résidence.
Privatisation. Si elle avait disposé d'un traité ad hoc avec les Bahamas, la République tchèque aurait pu en faire autant. Kozeny est en effet soupçonné d'avoir dépouillé des milliers de petits porteurs pendant la «privatisation par coupons». Les pigeons pensaient investir un peu d'argent dans d'anciennes entreprises d'Etat, et Kozeny, qui possède huit passeports (