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Libération

Gbagbo joue sa dernière carte contre la tutelle internationale

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publié le 19 janvier 2006 à 20h06

Les patriotes qui manifestent depuis trois jours à Abidjan ne sont plus ce qu'ils étaient. Hier après-midi, ils ont investi la télévision nationale pour lancer des appels enfiévrés à la «résistance». Pas question pour eux de laisser passer la décision de l'ONU de mettre les députés au chômage. Leur mandat ayant expiré en décembre, le groupe de travail international (sorte de comité de suivi du processus de paix piloté par les Nations unies) a recommandé que l'Assemblée nationale n'ait plus aucun pouvoir jusqu'aux prochaines élections. Pour le camp patriotique, le peuple ivoirien devait descendre en masse dans les rues pour défendre «la souveraineté nationale» attaquée par l'ONU et, en sous-main, la France, et exiger le départ des 7 000 soldats de l'Onuci et des 4000 militaires français du sol ivoirien.

Fiasco. Mais personne ou presque n'a bougé pour rejoindre les quelques milliers de fidèles du président Laurent Gbagbo qui bloquent certains quartiers de la ville depuis lundi et se sont violemment affrontés avec les Casques bleus dans l'Ouest (lire ci-contre). «Les gens sont fatigués, ils se préoccupent avant tout de leur survie quotidienne, raconte un journaliste abidjanais. En novembre 2004, ils étaient des dizaines de milliers à soutenir Gbagbo et à manifester contre la France. Cette fois, dans les quartiers favorables à l'opposition, on a empêché les patriotes de passer.» Les grandes tirades nationalistes laissent désormais les Ivoiriens de marbre. Signe que la donne est p