Bogotá de notre correspondant
Des agents antidrogue américains travailleraient pour les cartels colombiens, premiers exportateurs de cocaïne au monde. C'est ce qui ressort d'un courrier interne confidentiel du département de la Justice de Washington, rédigé en décembre 2004 et sauvé des oubliettes il y a dix jours par une révélation du site Narconews. com. Le texte, dont l'authenticité a depuis été confirmée, dévoile que plusieurs membres de l'antenne de Bogotá de la Drug Enforcement Administration (DEA), la brigade des stups des Etats-Unis, seraient devenus des salariés au service des cartels.
Le rapport montre par exemple comment un narco colombien, couvert par les «ripoux» qui le présentaient comme un indic, avait en fait «plusieurs agents à sa solde qui lui fournissaient des informations secrètes», à Bogotá comme à Washington. Très prévenants avec leurs «employeurs», les corrompus auraient aussi torpillé plusieurs opérations du bureau de Floride, si besoin en faisant arrêter ou éliminer ses indicateurs devenus trop dangereux. Selon le rapport, l'un d'eux, qui les avait dénoncés, a même été abattu au sortir d'une réunion à laquelle ils l'avaient convoquée. D'autres subiront le même sort après que Miami a ingénument révélé leur identité au bureau colombien.
Terribles risques. Aucun des témoins qui ont permis l'élaboration du rapport, pourtant membres de l'agence, n'a voulu lâcher les noms des «ripoux», à cause des «terribles risques pour leur carrière, leur sécurité et celle