Le sommet annuel de l'Union africaine, qui doit se tenir lundi et mardi à Khartoum, s'annonce comme une incongruité diplomatique. Le Soudan va en effet accueillir la réunion de l'organisation internationale chargée d'une mission d'observation militaire dans sa province occidentale du Darfour, en proie à une guerre civile depuis février 2003. Pire, Khartoum devrait prendre la présidence tournante de l'Union africaine pour les douze mois à venir. Et donc se retrouver dans la situation intenable de juge et partie. Imagine-t-on le président de l'UA, Omar el-Bechir, morigéner le président soudanais Omar el-Bechir pour les exactions commises par son armée et les milices progouvernementales au Darfour ?
Test. Le problème est d'autant plus épineux que la mission de l'UA au Darfour est pour l'instant un échec. L'envoi de Casques blancs africains avait valeur de test : pour la première fois, la toute jeune organisation panafricaine était censée faire la preuve de sa capacité à régler un conflit se déroulant dans sa zone. Las, la Mission africaine au Soudan (Amis) s'est enlisée dans les sables du Darfour où ont déjà péri de 180 000 à 300 000 personnes, surtout des civils des tribus Fours, Zaghawas, etc. Un an et demi après son arrivée, la force africaine est désormais forte de 7 000 hommes sur 7 800 prévus mais manque de moyens autant que de crédibilité.
Certes, «la présence de l'Amis a gelé le conflit», comme le souligne un diplomate français, et «il n'y a plus d'opération majeure».