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Libération

L'Union africaine en sommet ubuesque

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Le Soudan doit prendre la présidence tournante de l'organisation panafricaine, qui est chargée d'une mission de paix dans la province du Darfour, déchirée par la guerre civile. Une gageure.
publié le 20 janvier 2006 à 20h06

Le sommet annuel de l'Union africaine, qui doit se tenir lundi et mardi à Khartoum, s'annonce comme une incongruité diplomatique. Le Soudan va en effet accueillir la réunion de l'organisation internationale chargée d'une mission d'observation militaire dans sa province occidentale du Darfour, en proie à une guerre civile depuis février 2003. Pire, Khartoum devrait prendre la présidence tournante de l'Union africaine pour les douze mois à venir. Et donc se retrouver dans la situation intenable de juge et partie. Imagine-t-on le président de l'UA, Omar el-Bechir, morigéner le président soudanais Omar el-Bechir pour les exactions commises par son armée et les milices progouvernementales au Darfour ?

Test. Le problème est d'autant plus épineux que la mission de l'UA au Darfour est pour l'instant un échec. L'envoi de Casques blancs africains avait valeur de test : pour la première fois, la toute jeune organisation panafricaine était censée faire la preuve de sa capacité à régler un conflit se déroulant dans sa zone. Las, la Mission africaine au Soudan (Amis) s'est enlisée dans les sables du Darfour où ont déjà péri de 180 000 à 300 000 personnes, surtout des civils des tribus Fours, Zaghawas, etc. Un an et demi après son arrivée, la force africaine est désormais forte de 7 000 hommes ­ sur 7 800 prévus ­ mais manque de moyens autant que de crédibilité.

Certes, «la présence de l'Amis a gelé le conflit», comme le souligne un diplomate français, et «il n'y a plus d'opération majeure».