Le palais présidentiel de Pristina est installé dans le musée, un solide bâtiment jaune longtemps dévolu aux collections et aux bustes de cire illustrant l'histoire tourmentée du Kosovo. C'est là qu'Ibrahim Rugova s'installa en mars 2002, après son élection, enfin pleinement reconnu président du Kosovo bien que, dans les faits, ses prérogatives ne soient guère plus étendues que celles d'un président de Land allemand. Placé sous protectorat international depuis le retrait des forces de Belgrade en juin 1999, le Kosovo reste, au moins formellement, partie intégrante de la Serbie-Monténégro. Le leader charismatique de la lutte des Kosovars pour l'indépendance meurt à 61 ans d'un cancer du poumon, au moment même où doivent commencer les négociations sur le «statut final» de cette province du sud de la Serbie peuplée en écrasante majorité d'Albanais de souche. Ces derniers 1,8 million exigent l'indépendance, alors que les derniers Serbes de la province, à peine 100 000, souhaitent le maintien d'une souveraineté même formelle de Belgrade sur une région qui fut le berceau de l'histoire de la Serbie.
Non-violence. La disparition de celui que l'on avait surnommé «le Gandhi des Balkans» pour sa stratégie de non-violence rend encore un peu plus hasardeuse l'issue de ces discussions, car lui seul, «père de la nation», disposait d'un prestige suffisant pour faire accepter des concessions à une population albanaise kosovare toujours plus impatiente d'avoir son propre Etat.
«L'indépendan