Montréal de notre correspondante
Appelés aux urnes pour la deuxième fois en dix-huit mois, les Canadiens se préparent, selon toute vraisemblance, à mettre fin au règne des libéraux, aux commandes à Ottawa depuis plus de douze ans. En avance dans tous les sondages depuis trois semaines, les conservateurs pourraient même, lundi, remporter la majorité absolue des sièges à la Chambre des communes un scénario encore hautement improbable au moment du déclenchement des élections, fin novembre.
Malversations. Les Canadiens semblent décidés à sanctionner le Parti libéral (PL), usé par plus d'une décennie de pouvoir et miné par un vaste scandale de détournements de fonds. Un rapport d'une commission d'enquête publié en novembre (à l'origine de la motion de censure qui a renversé le gouvernement libéral minoritaire) a, certes, «exonéré» le Premier ministre Paul Martin, mais a mis en cause des cadres du PL. Durant la campagne, des révélations concernant de nouvelles malversations, entraînant en particulier l'ouverture d'une enquête policière portant sur un délit d'initiés au ministère des Finances, ont achevé de ternir l'image des libéraux.
Mais la remarquable percée du Parti conservateur (PC) doit aussi beaucoup à son chef, qui a mené une campagne habile. S'il n'est pas parvenu à se défaire de son image d'homme austère et peu charismatique, Stephen Harper a su modérer son discours d'homme de droite et empêcher ses candidats les plus radicaux de faire des déclarations embarrassantes ce