Ramallah envoyé spécial
Sur la place des Lions, coeur de Ramallah, calicots et pancartes flottent à tout vent. Portraits géants, quadrichromies en pied, montages photographiques envahissent les façades des immeubles. Dans les territoires palestiniens, la campagne législative bat son plein. Les taxis ont été mis à contribution, sillonnant les rues, siglés d'autocollants. Des marchands ambulants qui n'entendent déplaire à aucun de leurs clients panachent allégrement posters nationalistes et tracts islamistes. «Pas de jaloux, c'est la démocratie», rigole Mohammed, triporteur couvert de drapeaux concurrents. Sur son étal, l'électeur hésitant peut, tout en avalant son sandwich, comparer à loisir le programme des divers prétendants à la députation.
Sang d'Arafat. Les partis palestiniens ont réquisitionné les armes ultimes du marketing moderne pour animer leur campagne. Dernier cri de ces méthodes de commercialisation, le message téléphonique vocal. Mieux qu'un texto, une voix souriante «t'appelle instamment à voter pour le sang de Yasser Arafat». Toujours orphelin du vieux chef décédé l'an passé, le Fatah mobilise ses mânes. «Vote pour le croissant vert, suggère l'annonceur du Hamas. Fais circuler ce message et tu seras béni de Dieu.»
La propagande à outrance révèle l'enjeu de la bataille. Le scrutin de mercredi prochain semble très loin d'être joué. Le Fatah, vieux mouvement nationaliste, qui jusqu'alors régnait en maître incontesté sur les institutions palestiniennes, sent le souff