N'Djamena de notre correspondante
«J'ai peur que nos frères refusent de se battre pour Déby.» Cet ancien compagnon de route du président tchadien est un colonel désabusé sur le régime d'Idriss Déby. Ses craintes reflètent l'atmosphère de tension et d'incertitude qui règne depuis plusieurs mois dans le pays. Confronté à une dizaine de mouvements rebelles installés à la frontière avec le Soudan, le président tchadien, arrivé au pouvoir en 1990 après avoir chassé Hissène Habré, paraît plus isolé que jamais.
«Idriss Déby a été trahi par ses plus proches parents, des éléments de son propre clan qui cherchent à le renverser, analyse un diplomate. Le roi est nu.» Depuis octobre, des désertions en série au sein de l'armée ont accompagné l'entrée en rébellion de plusieurs têtes pensantes du régime, telles que les frères Erdimi, anciens directeurs de cabinet civils à la présidence. «Ils ont bâti le régime actuel, en ont profité et réclament maintenant au Président une part encore plus grande du gâteau», poursuit-il.
«Rien à perdre.» Lâché par son clan, acculé de toutes parts, y compris sur le plan social tant les caisses de l'Etat sont vides, gravement malade, «Déby n'a plus rien à perdre et ira jusqu'au bout pour sauver son régime», estiment plusieurs observateurs. Il s'est lancé dans une série de bras de fer risqués. Sur le plan international, il accuse le Soudan d'abriter les rebelles tchadiens au Darfour et de les armer, afin de mobiliser la communauté internationale non sur un péril