Moscou de notre correspondante
La Russie a un nouveau martyr. Depuis quelques jours, toutes les chaînes de télévision, qui sont sous contrôle politique étroit, s'émeuvent du sort du soldat Sytchev, 19 ans, roué de coups par les dedy (les «anciens») de sa caserne, au point que ses jambes et organes génitaux ont dû être amputés. Les faits remontent à la nuit du 31 décembre au 1er janvier, dans un village perdu de la région de Tcheliabinsk, dans le sud de la Russie. Pour fêter le nouvel an, des dedy auraient demandé au soldat Sytchev d'aller chercher des filles au village, ont raconté des témoins à la presse russe. Les filles restant introuvables, ils auraient ensuite demandé aux plus jeunes appelés de leur faire des fellations, ce que le soldat Sytchev aurait refusé. En châtiment, il est alors ligoté, rossé, sans doute violé et maintenu accroupi plusieurs heures.
Ce n'est qu'au bout de quatre jours, constatant qu'il ne pouvait plus marcher, qu'Andrei Sytchev est conduit à l'hôpital militaire local, puis transféré le 6 janvier dans un hôpital civil de Tcheliabinsk, où ses jambes, gagnées par la gangrène, sont amputées. C'est seulement à ce moment-là, semble-t-il, que ses parents et le comité local des mères de soldats ont été alertés et, au bout de plusieurs semaines, ont réussi à en faire un scandale remonté jusqu'à Moscou. «L'inhumaine armée russe a encore dévoré un homme», «Boucherie dans les casernes», a titré la presse régionale, relayée par les quotidiens nationaux: «Silenc