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Libération

Des réfugiés abandonnés dans le «Far West» ivoirien

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publié le 3 février 2006 à 20h14

Plusieurs milliers de déplacés et de réfugiés sont livrés à eux-mêmes dans l'ouest de la Côte-d'Ivoire, la zone la plus explosive du pays du fait des tensions interethniques qui y règnent. Fin janvier, le Programme alimentaire mondial a annoncé qu'il suspendait «jusqu'à nouvel ordre» ses distributions de vivres. Comme ceux de la quasi-totalité des agences de l'ONU et des associations humanitaires, ses locaux et ses entrepôts ont été saccagés et pillés, à la mi-janvier, à Guiglo (à 500 km à l'ouest d'Abidjan). Hormis Médecins sans frontières, qui a été épargnée par la vindicte des «patriotes» proches du président Laurent Gbagbo, toute la communauté humanitaire a quitté la région.

Les troubles ont éclaté à la suite d'une «recommandation» du groupe de travail international concernant la fin du mandat des députés. Dénonçant une violation intolérable de la souveraineté ivoirienne, les proches de Gbagbo ont incité leurs partisans à s'en prendre directement à l'Onuci (opération des Nations unies en Côte-d'Ivoire). «Des leaders ont appelé à la radio la population à nous attaquer, raconte un humanitaire qui a dû fuir Guiglo. Dans la foule, on entendait : "Il faut les braiser !"» Les troubles ont redoublé après la mort de cinq Ivoiriens tombés sous les balles de Casques bleus du Bangladesh. «Il y a eu un amalgame délibéré entre l'ONU et les associations caritatives, dit un humanitaire. Mais la violence était bien contrôlée : il n'y a pas eu d'attaques physiques directes contre nous.»

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