Le Caire de notre correspondante
Quatre jours après le naufrage en mer Rouge du ferry Salam 98, l'horreur des témoignages des rescapés n'a en rien diminué. Les yeux dans le vide, hagards, tous racontent comment le navire a subitement coulé, en pleine nuit, alors qu'un incendie faisait rage à bord depuis plus de cinq heures. La plupart de ceux qui ont survécu à la catastrophe n'ont dû leur salut qu'à leur présence sur le pont ou dans les étages supérieurs du ferry, réservés aux premières classes. Car, malgré le feu, l'équipage avait demandé aux passagers de regagner leurs cabines. «Le bateau s'est enfoncé d'un coup, exactement comme dans le film Titanic. J'ai vu ceux qui étaient restés dedans coller leurs visages affolés aux hublots», raconte un homme, après avoir passé vingt-cinq heures dans l'eau, accroché à un gilet de sauvetage.
Tous les témoins dénoncent l'attitude de l'équipage et du capitaine qui auraient assuré «maîtriser la situation», malgré l'incendie, et se seraient, selon certains, enfuis les premiers du navire. Le capitaine est cependant toujours porté disparu. Les récits divergent quant à l'origine du sinistre : il aurait pris, deux heures après le départ de Dubah, soit dans la salle des machines soit à bord d'un camion embarqué. Le capitaine avait apparemment dans un premier temps envisagé de rebrousser chemin, avant de se raviser et de poursuivre sa route vers l'Egypte. C'est en modifiant son cap vers sa destination finale de Safaga que le bateau aurait été dés