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Libération

Les milices antidrogue font le ménage dans l'est de l'Inde

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Au Mizoram, une association se substitue à l'Etat pour chasser les dealers.
publié le 6 février 2006 à 20h16

Aizawl (Mizoram) envoyé spécial

A quelques kilomètres de la frontière, un groupe d'hommes fouille minutieusement tous les véhicules en provenance de la Birmanie. Ce ne sont ni des douaniers, ni des soldats, ni même des policiers, mais des civils, volontaires de la Young Mizo Association (YMA, Association des jeunes Mizos), une organisation qui, dans ce coin reculé du nord-est de l'Inde, a une fâcheuse tendance à se substituer à l'Etat. Depuis 2005, elle surveille ainsi la frontière dans le cadre de sa «guerre antidrogue». Une guerre sans armes mais qui a déjà fait trois morts et de nombreux blessés. Car, au-delà des fouilles, les méthodes de la YMA sont pour le moins musclées.

Tabassé à mort. «Nous allons chez les dealers, résume son vice-président, J.H. Zoremthanga. Soit ils coopèrent, auquel cas ils s'engagent à ne plus vendre de came et nous donnent les noms de leurs fournisseurs, soit on les bat.» «Pas jusqu'à la mort, s'empresse-t-il de préciser, juste de quoi leur faire passer l'envie de recommencer.» Un revendeur a néanmoins été tabassé à mort à Aizawl, la capitale régionale, et un autre a succombé à ses blessures après avoir été abandonné dans un cimetière, la jambe cassée.

«La drogue est un véritable fléau au sein de notre jeunesse, tente de justifier J.H. Zoremthanga. Le gouvernement n'a pas les moyens de mener cette guerre, il fallait agir.» Selon les estimations, le petit Etat tribal du Mizoram compte quelque 30 000 drogués, dont la moitié de toxicomanes, un chiffre