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Libération

Au Japon, l'habit ne fait plus le moine

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Alcool, cannabis et strip-teaseuses font partie de la vie d'un clergé de plus en plus débridé.
publié le 7 février 2006 à 20h16

Tokyo de notre correspondant

Montre de nanti au poignet, chaussures cirées, costume fringant, cravate et plis soyeux : rien ne distingue Hiroomi Itagaki de ces courtiers qui, à Tokyo, roulent en Ferrari et passent le week-end à Guam et Okinawa. Sauf que ce quadra souriant et bien dans sa peau, client du Body & Soul, un club de jazz de Tokyo, confesse exercer un métier rare au Japon de la PlayStation et de la robotique humanoïde : prêtre. Dans la hiérarchie des ordres bouddhiques, Itagaki-san est plus exactement, comme l'indique sa carte de visite, «vice prêtre» au Daishoji, un ancien temple impérial du «petit Kyoto». A l'interlocuteur surpris ­ à tort, par son allure et son mode de vie, il explique qu'«honorer les divinités ne veut pas dire souffrir ou être dans le besoin. Au contraire. Au temple, je suis un disciple de la foi. Au dehors, je mène ma vie comme je l'entends». Itagaki-san précise être aussi «dans les affaires».

Cette idée de la prêtrise semble devenir de plus en plus la règle dans l'archipel. Grâce à une loi de 1951, les religieux nippons gèrent eux-mêmes leurs lieux de culte. Et mènent librement tous types d'opérations commerciales. Ce qui n'est pas rien dans un Japon hyperreligieux, où l'on compte près de 219,6 millions d'adeptes, parfois de plusieurs religions (shintoïsme, bouddhisme, taoïsme, confucianisme, etc.), pour 126,8 millions de Japonais ! La seule secte Soka Gakkai («Société pour la création des valeurs»), d'obédience bouddhiste, coiffe un empire d'a