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Libération

L'immense espoir électoral des «ventres creux» en Haïti

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publié le 7 février 2006 à 20h16

«Le premier problème d'Haïti reste un problème de ventre creux.» Ce constat d'un expert des droits de l'homme, récemment en visite dans le pays le plus pauvre du continent américain ­ et l'un des plus pauvres du monde ­ explique peut-être à lui seul pourquoi Haïti vote aujourd'hui dans un climat qui mélange incertitudes, misère et insécurité. Ravagé par les décennies de la dictature des Duvalier père et fils, puis par le régime autoritaire et corrompu de Jean-Bertrand Aristide, Haïti espère retrouver un semblant de stabilité avec ce premier tour des élections présidentielle et législatives. Ce scrutin est censé mettre fin à deux ans d'un gouvernement par intérim qui a été soutenu par 9 500 Casques bleus de la Minustah, la mission des Nations unies pour la stabilisation à Haïti.

Chefs de gangs. Le 29 février 2004, Aristide, l'ex- «prêtre des bidonvilles», dont l'élection avait suscité tant d'espoirs en 1991, a été chassé par une opposition démocratique qui dénonçait depuis des années les violations des droits de l'homme, par une rébellion armée de certains chefs de gangs qu'il avait auparavant utilisés avant de les lâcher, et par une intervention militaire américano-française. Il vit depuis en exil en Afrique du Sud, sans avoir renoncé à l'hypothèse d'un «retour». En deux ans, ni le gouvernement intérimaire de l'ex-fonctionnaire onusien Gérard Latortue, ni la Minustah ne sont parvenus à réduire l'insécurité, la violence, les atteintes aux droits de l'homme et le sous-développe