Secrétaire général adjoint de la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH), Benoît Van der Meerschen s'est rendu par trois fois en Haïti ces derniers mois. Alors que le premier tour de l'élection présidentielle s'est tenu hier, son rapport, «Quels lendemains pour une transition manquée ?», éclaire la situation du pays.
Peut-on parler d'échec de la communauté internationale en Haïti ?
Au moment où le président Aristide part, en février 2004, il y a chez les Haïtiens le sentiment d'une solution imposée de l'extérieur, en tout cas avec la bénédiction des principales puissances voisines (Etats-Unis, France, ndlr). Exemple type : le Premier ministre intérimaire Gérard Latortue, un fonctionnaire international d'une agence de l'ONU, a été imposé. Beaucoup de factions, favorables à des degrés divers au départ d'Aristide, ont eu le sentiment de s'être vu confisquer la victoire.
Ce n'est pas la première fois que les Nations unies sont en Haïti, elles étaient là il y a dix ans et parlaient déjà de formation de la police ou de la justice... Là, l'ONU revient, mais toujours avec un modèle préfabriqué et sans aucune trace d'autocritique sur ce qui a pu fonctionner ou non il y a quelques années. Pas de mémoire, pas de lien, c'est effrayant...
Les élections vont-elles résoudre ce problème ?
Je ne crois pas que l'on arrivera à une réelle représentativité du corps électoral. Pour ce qui est de la sécurité et de l'organisation des élections, on a de quoi avoir des doutes sur la réelle