Istanbul de notre correspondant
Les poursuites pour délit d'opinion à l'encontre d'intellectuels continuent en Turquie, alors que le pays a commencé les négociations d'adhésion avec l'Union européenne. Comme auparavant le romancier Orhan Pamuk depuis relaxé, cinq célèbres chroniqueurs sont jugés pour «insulte à la nation turque». Le procès a commencé hier au tribunal du district de Bagcilar, où se trouvent les rédactions des quotidiens, qui était gardé par d'importantes forces de police. Les journalistes ont réfuté les accusations et proclamé «le droit à la libre critique».
Le procès a été reporté au 11 avril. Hasan Cemal, chroniqueur du quotidien Milliyet, Ismet Berkan, directeur de publication du quotidien Radikal, et trois chroniqueurs de ce journal, dont le sociologue Murat Belge, sont inculpés pour avoir critiqué la décision de justice interdisant une conférence sur «les Arméniens de l'Empire ottoman», qui s'est finalement tenue en novembre 2005. L'affaire suscite d'autant plus d'émotion en Turquie, comme à Bruxelles, que ce même jour onze autres écrivains et journalistes étaient déférés pour d'autres affaires dans ce même palais de justice, tous inculpés au titre de l'article 301 du nouveau code pénal, censé pourtant être plus respectueux des standards européens.
«Les relations entre la Turquie et l'UE seront négativement influencées si la liberté d'expression est pénalisée par les tribunaux», a menacé le coprésident de la commission parlementaire mixte Turquie-UE, Joost