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Libération

Alpha Condé dénonce l'anarchie en Guinée

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Revenu au pays en 2005, l'opposant veut rassembler les énergies pour sortir de la crise.
publié le 9 février 2006 à 20h17

Conakry envoyée spéciale

De l'immeuble où il reçoit, Alpha Condé peut voir les rues crasseuses du centre-ville, les myriades d'échoppes où les Guinéens s'emploient à gagner de quoi survivre, entre coupures d'électricité et rationnements d'eau. «J'entends ce qu'on dit de la Guinée, et ça heurte mon nationalisme», dit l'opposant. «Les clans au pouvoir sont tellement paralysés par la peur de l'avenir que plus personne ne s'occupe des problèmes essentiels : le Premier ministre n'a aucune autorité ; les fonctionnaires savent que c'est la fin du régime et n'obéissent plus aux ministres ; les policiers passent leur temps à mendier de l'argent... Tout le monde fait ce qu'il veut, c'est l'anarchie.»

«Bombe à retardement». Voisine du Liberia, de la Sierra Leone et de la Côte-d'Ivoire, la Guinée pourrait passer pour un exemple de stabilité dans la région. Il s'agit plutôt d'«une bombe à retardement», estime le leader du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), seul parti à avoir obtenu quelque résultat lors des élections locales du 18 décembre dernier, face au raz de marée du parti au pouvoir (Parti de l'unité et du progrès, PUP).

Stable, la Guinée l'est d'une certaine manière depuis le coup d'Etat d'avril 1984, une semaine après la mort du redoutable Sekou Toure. Le colonel Lansana Conté ­ aujourd'hui général ­ prenait la tête de l'Etat, parce qu'il était le plus gradé des putschistes. Vingt-deux ans plus tard, le «démocrate bâtisseur de la République» est toujours là et le temps paraît