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Libération

Le Chrysanthème va changer de sexe

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Le gouvernement nippon veut modifier la loi pour permettre à une femme d'accéder au trône.
publié le 9 février 2006 à 20h17

Tokyo de notre correspondant

L'un des prochains Tenno (empereur) du Japon sera-t-il une impératrice ? Une femme montera-t-elle un jour sur le takamikura, le trône octogonal du Chrysanthème, dressé dans la salle principale du palais impérial à Tokyo ? Le débat fait rage au Japon. Au point d'avoir pris une tournure obsessionnelle. Les conservateurs de tous bords, hostiles à toute révolution de palais, veulent conserver intacte «la loi de la maison impériale», promulguée en 1947, qui autorise seulement les hommes à accéder au trône. Le gouvernement du Premier ministre Junichiro Koizumi envisage, au contraire, de soumettre en mars un nouveau projet de loi.

Donnant raison à son fils, le prince Tomohito, le premier, en novembre, à avoir jugé impossible l'intronisation d'une femme, le frère de feu l'empereur Hirohito (1926-1989), le prince Takahito, 90 ans, vient de se prononcer contre toute modification des règles de succession. Deux prises de position qui ont suffi à indigner certains politiques et juristes, qui rappellent qu'en vertu de l'article I de la Constitution «démocratique» imposée par les Américains en 1947, l'empereur a été réduit au rang de «symbole de l'Etat et de l'unité du peuple». Et qu'à ce titre aucun membre de la famille impériale ne peut, en théorie, livrer son opinion, intervenir dans les médias et risquer d'influencer des débats publics.

Longévité. Moins regardants sur le sexe de leur Tenno, les Japonais semblent adopter sur le sujet une ligne moins passionnell