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Portrait

Danemark, l'imam aux deux visages

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Apôtre de l'intégration ou prêcheur radical, Abou Laban a lancé la crise des caricatures.
publié le 17 février 2006 à 20h22

Scandinavie de notre correspondante

Début mai 2005, le cheikh Ahmed Abdel Rahman Abou Laban est invité à une conférence sur «les racines du terrorisme en Europe», organisée par les services secrets danois à Copenhague. Son intervention porte sur «l'intégration et la radicalisation des musulmans au Danemark». A la tribune, il succède au ministre de la Justice, Lene Espersen. On le présente alors comme un «imam influent». A l'époque, le religieux d'origine palestinienne est considéré comme l'une des grandes voix de l'islam au Danemark.

Dix mois plus tard, le leader de la Communauté musulmane (Islamiske Trossamfund) semble avoir perdu toute respectabilité. Le chef du gouvernement danois lui attribue la responsabilité du rebondissement de la crise dite des caricatures de Mahomet. Il l'accuse d'être l'artisan d'une campagne de désinformation menée au Moyen-Orient contre le Danemark. Plusieurs députés réclament même son expulsion. Et les Danois s'interrogent sur la véritable personnalité du religieux, accusé d'exceller dans l'art du double langage.

Orateur brillant. L'imam le plus médiatisé du Danemark reçoit sur un canapé noir, dans la bibliothèque attenante à la salle de prières, rue Dortheavej, au nord-ouest de Copenhague. La barbe grisonnante et le regard intense, l'homme de petite taille offre du thé et fait circuler une boîte de chocolats. Il promet de répondre à toutes les questions. «Je n'ai rien à cacher. Vous me voyez tel que je suis et je vous assure qu'il n'y a pas d'autr