Moscou de notre correspondante
Une moitié en marbre blanc, l'autre en granit noir : jusqu'à il y a peu, le buste domino de Khrouchtchev, soulignant les aspects tant négatifs que positifs du personnage, était l'unique monument russe en l'honneur du dirigeant soviétique qui, le premier, osa dénoncer certains des crimes de Staline et entrebâiller le rideau de fer. En ce 50e anniversaire du rapport «secret» de Nikita Khrouchtchev qui, le 25 février 1956, dénonça aussi le «culte de la personnalité», les médias russes sont tous pleins de rappels historiques, de débats et d'analyses. Mais la plupart sont bien obligés d'en arriver à la conclusion que Khrouchtchev a échoué. La tendance est même de lui faire porter la faute du délitement de l'URSS, pour avoir, en précurseur de Gorbatchev, ébranlé l'empire.
Dans ce pays raffolant des monuments commémoratifs, qui compte encore des milliers de statues de Lénine et où les Staline, en plâtre ou en bronze, font leur retour, il y a très peu de monuments en l'honneur de Khrouchtchev. Même si une petite tête, inaugurée en mai 2005 dans la région de Krasnodar, célèbre son rôle comme planteur de maïs... «Khrouchtchev n'a jamais été très populaire, observe Boris Belenkine, historien et membre de l'ONG Memorial, travaillant sur le passé russe. Tel est le prix des libertés qu'il a rendu possibles. De son vivant, Khrouchtchev a surtout été honoré par un grand nombre de plaisanteries sur ses plantations de maïs ou sa façon de frapper la table avec sa c