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Libération

Les madrasas pakistanaises toujours ouvertes aux étrangers

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Malgré les promesses de Musharraf, les écoles coraniques fleurissent dans le pays.
par Alice DRAPER, Karachi (Pakistan) envoyée spéciale
publié le 25 février 2006 à 20h27
Peu après les attentats de juillet dans le métro londonien, le gouvernement pakistanais avait annoncé à cor et à cri que les 1 400 étrangers étudiant dans les madrasas pakistanaises devaient avoir quitté le pays avant le 31 décembre 2005. Une mesure qui a provoqué la colère des écoles coraniques. Le 30 décembre, le ministre de l'Intérieur déclarait qu'il n'y avait finalement pas de date butoir et que les étrangers ne seraient pas expulsés ; ils devaient simplement partir de leur plein gré. Officiellement, la moitié d'entre eux aurait déjà quitté le Pakistan.

A Binoria Site, une madrasa de Karachi qui accueillait des centaines d'étudiants étrangers l'an dernier, ils ne sont plus que 70. «Certains sont partis en vacances et les parents leur ont dit de ne pas retourner au Pakistan. Ils ne voulaient pas que leurs enfants soient considérés comme des criminels et ils avaient peur d'avoir eux-mêmes des problèmes», confie l'un des élèves.

Le directeur de ce centre, Mufti Naeem, assure que «si on les interdit ils viendront de toute manière avec un visa touristique. C'est impossible de les arrêter». Il poursuit : «L'alternative, pour eux, est d'aller dans les madrasas indiennes, qui les accueillent sans problème. Quelle honte pour la république islamique du Pakistan !»

«Peur». Dans l'école pour filles qui jouxte celle des garçons, trois jeunes Américaines d'origine pakistanaise ou bangladaise étudient le Coran depuis trois ans. C'est Mufti Naeem, en tournée aux Etats-Unis, qui a convaincu leurs parents, à Chicago, de les envoyer au Pakistan. «J'ai été éduquée dans une école publique américaine, raconte l'une d'elles. Mais je voulais mieux connaître ma religion. Je pense que la place d'une fille est à la maison, elle doit être constamment protégée et sortir voilée pour éviter les maladies, la corruption de l'extérieur. Ici, je peux pleinement me dévouer à Dieu.»

Les jeunes filles, qui disposent d'un visa de cinq ans pour finir leurs études, entendent bien rester. «Mais d'autres ont dû rentrer aux Etats-Unis, elles ont eu peur