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Libération

Museveni, le Bismarck des Grands lacs

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Au pouvoir depuis 1986, le président ougandais mêle autorité et visées expansionnistes.
publié le 27 février 2006 à 20h27

Kampala envoyé spécial

Ses vaches devront encore patienter. A la veille du scrutin du 23 février, le président ougandais Yoweri Museveni avait lancé, goguenard, qu'une éventuelle défaite dans les urnes lui donnerait l'occasion de s'occuper de ses bovins dans sa ferme, à Rwakitura, dans l'ouest du pays. Bien sûr, il n'en croyait pas un mot. Samedi, il a été réélu pour cinq ans avec près de 60 % des voix (lire ci-dessous). «No change !» («pas de changement») en perspective, donc, comme le clamaient, ce week-end à Kampala, les partisans enthousiastes du président ougandais.

le chef de l'Etat n'aime rien tant que ses boutades qui n'engagent à rien. Mais pour lui, comme nombre de ses pairs africains, seul compte le pouvoir qu'il a conquis, en 1986, les armes à la main. Sous un air faussement bonasse, le «Bismarck des Grands Lacs», comme on l'appelle à Kampala, cache une détermination sans faille.

«Machiavel» africain. Rarement un surnom n'aura été moins usurpé. Dans les années qui ont suivi sa prise de pouvoir, la région a connu une série de bouleversements auxquels il est loin d'être étranger. Le président ougandais a d'abord soutenu le chef des rebelles rwandais, Paul Kagamé, qui a balayé le régime génocidaire de Juvénal Habyarimana, à l'été 1994. Deux ans plus tard, le pouvoir du maréchal Mobutu tombe en quelques mois, à la suite d'une offensive éclair de Laurent-Désiré Kabila, armé par le Rwanda et... l'Ouganda. Depuis, et malgré les pressions de la communauté internationale, Mu