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Libération

«Si ça continue, la Terre sainte n'aura plus de chrétiens»

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Cette minorité religieuse s'inquiète de la victoire du Hamas en Palestine.
publié le 27 février 2006 à 20h27

Taybeh, Bethléem envoyé spécial

Nadim Khoury ouvre sa vitrine de présentation et sort une canette semblable aux autres. Cet entrepreneur palestinien fabrique déjà de la bière blonde, brune et légère dont les échantillons s'alignent derrière la glace. «Celle-ci sera sans alcool, annonce-t-il. On y pensait depuis quelque temps. On a décidé d'accélérer les choses à cause du nouveau gouvernement.» Sa cuvée se réduit pour l'instant à une simple bouteille et à une étiquette. Verte. «La couleur du Hamas», précise-t-il.

«Testez la révolution, buvez palestinien», proclame une de ses vieilles affiches publicitaires apposée sur un mur, à côté d'un portrait écorné d'Arafat. Nadim Khoury a créé sa brasserie en 1995, dans l'euphorie des accords d'Oslo. Durant l'Intifada, il a dû licencier dix ouvriers sur seize. Aujourd'hui, en patron avisé, il s'adapte à nouveau : «Le Hamas aura d'autres chats à fouetter que notre petite industrie. Mais qui peut dire ce qu'il va faire ? Avec ma boisson sans alcool, je continuerai à produire, quoi qu'il arrive.»

Quota. Sa bière, unique en Palestine, porte le nom de son village. Un gros bourg perché en haut d'une colline, à l'est de Ramallah, et hérissé de clochers. Taybeh compte cinq églises pour à peine 1 500 habitants, «tous chrétiens», souligne Nadim Khoury. Une population angoissée par la perspective de vivre sous un gouvernement islamiste.

Plus au sud, à Bethléem, trois vieilles dames, assises dans leur échoppe, baissent la voix pour ne pas être entendue